Extraits du livre
Préambule
Toute démarche délibérée, pour prendre un autre chemin, quelles qu’en soient les motivations, occasionne des sacrifices, des remises en question et de gros efforts. Cet « ENVOL » fut pour moi l’occasion de me libérer des tourbillons de violence dans lesquels j’étais prise en otage chaque jour de ma vie.
Mais après ce temps passé à m’efforcer d’installer la paix, à essayer de repartir sur de meilleures bases, le résultat m’apparaît bien mitigé. La décision libératrice de me protéger aura occasionné bien des souffrances supplémentaires au sein de mon couple et dans les relations avec un de mes enfants en particulier.
J’ai acquis, désormais, la certitude que mon mari ne se remettra jamais en question parce que, trop sûr de lui. Il refuse de prendre conscience de la gravité de ses actes à mon égard. Ce déni est toujours lourd de conséquences et continue de nuire aux relations de notre couple.
Malgré tout, j’ai fait le choix de rester avec lui et je ne le regrette pas. La direction de ma vie est celle que j’ai toujours voulu suivre tout en ayant conscience des obstacles que je pouvais rencontrer. La force divine qui m’accompagne n’a pas de prix, c’est elle qui me procure cette énergie, cette indescriptible puissance bienfaisante qui me tient et me fait rebondir face à chaque épreuve. Certes, le constat n’est pas celui que j’aurais espéré pour notre couple, mais le chemin parcouru spirituellement et humainement aura révélé de précieuses joies et beaucoup de réconfort.
Questions fondamentales
Pourquoi rester ensemble
Beaucoup de personnes pourraient se poser la question de savoir : « Mais, pourquoi, reste-t-elle avec lui ? » C’est le raisonnement adopté par certains qui ne mesurent pas assez le désespoir profond, qu’en tant que victimes, nous pouvons ressentir lorsque nous avons des enfants et que nous ne savons pas toujours où aller et que dire quand la maladie nous ronge le corps chaque jour ? Alors, devoir, malgré nous, bouleverser notre vie, déjà assez pénible, afin de trouver un emploi, un logement nous met devant de décourageantes perspectives, d’autant que nous n’y sommes pour rien. Pour ma part, j’ai eu, grâce à Dieu, la force de porter plainte, avec la peur au ventre des représailles et dans un état de maladie importante. Mais, comment ne pas penser à ces pauvres victimes qui n’osent pas franchir ce pas ? Je pense qu’il n’appartient à personne de porter un jugement sur qui que ce soit. Seules ces personnes qui ont connu ce douloureux parcours peuvent comprendre le pourquoi de certaines choses et pas d’autres. Alors qu’il a reconnu que nous n’étions pas faits pour vivre ensemble, il s’accroche à notre vie en couple, même si nous ne faisons que partager le même toit. Je ne me fais pas d’illusions, c’est parce qu’il voit où est son intérêt : une maison bien tenue, des draps et des habits propres, un réfrigérateur toujours plein, et j’en passe … Dans ces conditions, pourquoi partirait-il ?
Et s’il décidait de partir, je ne donnerais pas cher de son avenir, car, c’est malheureux à dire, mais à part travailler, il ne serait pas si à l’aise que ça pour se prendre en charge dans la vie quotidienne. De plus, ce n’est pas ce que je recherche du tout. Les escapades que nous faisions autrefois en bord de mer sont bien terminées. Pas seulement en raison de mon état de santé, mais parce qu’entre Luc et moi, il y a quelque chose de brisé que même le temps ne pourra réparer, s’il ne change pas. Nos relations ont vraiment changé, partir en vacances avec lui m’est impossible, la peur est encore présente, je ne souhaite même plus partager une table de restaurant. Nous ne vivons pas ensemble, nous vivons côte à côte, comme deux étrangers. Lors de nos discussions entre amies, certaines me disent que même si mes relations ne sont pas très bonnes, j’ai au moins la chance d’avoir un mari. Ce à quoi je réponds « Certes, j’ai un mari qui partage mon toit, mais c’est comparable à la situation d’une personne prête à se noyer qui dispose à quelques mètres d’un bateau de sauvetage, mais ne peut s’y hisser. Dans ces cas-là, ne vaudrait-il mieux pas de bateau du tout qui entretienne de faux espoirs. » Le seul véritable Espoir qui m’anime est celui que DIEU nous promet : la Délivrance de tous les maux de la terre. Des écrits du passé nous révèlent :
« DIEU est près de ceux qui ont le cœur brisé ; et il sauve ceux qui ont l’esprit écrasé. »
N’est-il pas réconfortant de marcher sur « Le chantier des justes qui est comme la lumière brillante dont l’éclat augmente jusqu’à ce que le jour soit solidement établi. » ? Assurément oui !
Par respect pour moi et pour ma famille, je garde une hygiène rigoureuse, malgré mes problèmes. Je ne veux en aucun cas renvoyer une image de moi négligée. Ce serait ajouter à la douleur des miens et annoncerait une forme de déchéance, de laisser-aller. Je ne peux pas en dire autant de mon mari et ceci me rend terriblement triste. Il me renvoie l’image de quelqu’un qui n’a jamais compris le vrai sens du mot estime de soi.
L’amour au coeur de tout
Souvent les bourreaux domestiques exercent une tyrannie sur leur victime par manque d’estime de leur propre personne. En maltraitant un être faible et vulnérable, ils pensent affirmer davantage leurs valeurs masculines, pour ne pas dire viriles. Or, c’est le contraire qui se passe, par cette attitude, ils se rabaissent eux-mêmes.
En faisant preuve de considération et de compassion à l’égard de sa femme, l’homme se grandit de façon intelligente et honorable.
Cet homme, là, est doté de plus de sagesse et d’une force mentale supérieure.
En perdant le respect d’eux-mêmes, ces tyrans oublient les valeurs qui les fondent, se mettant à leur tour en danger psychologique, car ne pouvant plus assumer les contradictions internes qui les traversent.
Ne dit-on pas que pour aimer les autres, il faut d’abord s’aimer soi-même, d’où la célèbre parole de Jésus :
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! »
Lorsque l’on parle d’amour de soi-même, il ne faut pas entendre complaisance, égoïsme voire narcissisme. Il s’agit plutôt de vivre selon les valeurs propres à nous permettre de gagner et conserver l’estime de nous-même. La mésestime de soi peut entraîner un sentiment d’insécurité qui peut pousser certaines personnes à des comportements violents. Cette attitude, quoi que l’on puisse penser, abaisse celui qui l’adopte aux yeux des autres et de lui-même.
Pour ma part, le respect et l’amour sont deux facteurs clés pour qu’un mariage dure. Mais pour mon mari, le mot « respect » semble dépourvu de valeur et ne fait pas partie de son vocabulaire. Comment pourrait-il être respecté si lui-même ne respecte pas les autres, c’est-à-dire qu’il ne se conforme pas au contrat implicite du bien vivre, ensemble, sur la base de règles acceptées par tous. Je m’efforce de le lui faire comprendre, mais il fait la sourde oreille.
Mais qu’est-ce que le respect ? C’est savoir accorder de l’importance à ce que vit l’autre et chercher à comprendre les sentiments de l’autre.
Notre éducation devrait en être une base solide. Lorsque nous respectons notre conjoint, on lui accorde de l’intérêt, on l’écoute, on le considère en tant que personne à part entière, avec un attachement sincère pour lui et pour ce qu’il représente. Il ne faut pas oublier que par manque de respect de nombreux couples sont confrontés à de graves problèmes engendrant tensions et conflits. Nous en sommes la preuve vivante.
Le respect doit se gagner. Un homme du passé rappelle aux maris, ceci :
« Un mari doit, témoigner à sa femme de l’honneur et du respect. »
Mais aux femmes, ceci :
« La femme doit, elle aussi avoir un profond respect pour son mari. »
Le constat est on ne peut plus clair ; le respect doit être réciproque.
Aujourd’hui, au-delà du problème que je vis avec mon mari, j’ai à déplorer que le respect ne s’opère plus sur des valeurs humanistes, mais sur le statut social : ainsi nous sommes capables de respecter des personnalités parce qu’elles sont haut placées et de mépriser les personnes avec qui nous vivons tous les jours. Pourquoi respecter les uns et pas les autres ? Quelle que soit notre condition, chacun d’entre nous a droit au respect. Nous sommes des êtres humains égaux. Au nom de quoi devrions-nous maltraiter telle ou telle personne ?
L’histoire avec toutes ses guerres et ses souffrances a fait bien assez de mal comme cela.
Les hommes et les femmes communiquent selon des modes différents, car leurs besoins ne sont pas les mêmes. Quand les deux conjoints s’aiment vraiment, ils témoignent d’un respect mutuel et profond guidé par l’amour, Gage d’un mariage heureux. Mais qu’est-ce que l’amour ?
Il existe plusieurs formes d’amour. La première est l’affection chaleureuse que l’on éprouve pour quelqu’un, qui s’adresse à des amis proches, ce que l’on appelle communément l’amitié. La seconde est l’amour qui lie les membres d’une même famille: c’est l’amour dédié à ses enfants, ses parents, celui qui dépasse nos désirs. La troisième est l’amour de deux personnes qui se choisissent et qui s’engagent sur une relation durable afin de vivre leur vie ensemble. Cependant, il en existe un quatrième qui réunit en son sein tous les autres : l’altruisme généré par la force divine. Cet amour est un souci désintéressé de faire à autrui ce qui est juste et bon, que le bénéficiaire en paraisse digne ou non.
Un tel amour, est source de tout et doit ainsi aider les conjoints à suivre ce conseil d’un homme du passé, qui dit :
« Continuez à vous supporter les uns les autres et à vous pardonner volontiers les uns les autres. Tout comme Dieu vous a pardonné volontiers, vous aussi faites de même. »
Quand deux conjoints s’aiment, ils doivent éprouver et cultiver cet amour intense l’un pour l’autre, parce que l’amour, dans ces conditions, peut couvrir une multitude de pêchés. Il ne peut pas les éliminer puisque chacun est imparfait et n’est exempt de fautes. L’amour doit rester un lien d’union parfait. Pour ma part, j’estime que le respect et l’amour ne sont pas innés, ils doivent s’acquérir, se gagner auprès des autres par les actions que nous menons, par notre comportement dans la vie de tous les jours.
Nous subissons des épreuves que l’on doit surmonter afin que les qualités de chacun s’expriment, ce qui dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est devenu très difficile. Même si la perfection n’existe pas, comme je l’ai écrit, plus haut, nous devons essayer de mettre tout en œuvre pour avoir une conduite exemplaire, empreinte de bonté et tout faire pour éliminer de notre personnalité tous sentiments négatifs. À nous de faire les efforts qui s’imposent. Quand je me suis mariée, l’idée que je me faisais d’un couple était de ne faire qu’un. Je pensais pouvoir compter sur mon mari comme lui devait pouvoir compter sur moi. Cet amour et ce respect, je les espérais tellement ! Ils devaient nous aider à bâtir notre vie de couple et de parents. Comme cet idéal est loin de moi aujourd’hui avec toutes les souffrances que j’ai endurées. Mon mari ne partageant absolument pas mes convictions religieuses, il m’a malmenée pour cela pendant des années. Je ne suis pas là pour le convaincre estimant que la foi est un état du cœur et qu’il n’est pas possible de le faire partager sous la contrainte.
Il me paraît essentiel d’accepter l’autre tel qu’il est avec ses différences. Après tout, nous sommes mari et femme et non des clones. Luc ne comprend pas l’immense bienfait que m’a apporté ma foi. Elle m’a ouvert les yeux, me permettant de changer, de grandir et de devenir celle que je suis. Mais il ne faut pas croire que le chemin pour y parvenir est sans embûches. La croyance en Dieu demande beaucoup d’abnégation, de remises en question et d’humilité. Il faut être doté d’une grande force intérieure pour parvenir à tout cela pour aimer Dieu. Cependant, si Luc ne veut pas croire, ni m’écouter, en tant qu’épouse, je lui dois le respect et faire mon possible afin qu’il soit touché par ma conduite, ma façon de vivre. Il faut que mon attitude soit le reflet de que ce que je suis intérieurement. Pourra-t-il, un jour, ouvrir ses yeux et son cœur ? La foi et la force que m’accorde Dieu sont, pour moi, d’énormes soutiens. Si je ne les avais pas, je ne serais déjà plus de ce monde. Ce sont eux qui m’aident à tenir, à me bonifier, ils représentent mon capital en action. Mais j’avoue que les difficultés sont nombreuses et nous touchent tous dans notre chair. Nous ne sommes pas des robots, nous avons un cœur qui bat et la moindre blessure peut être redoutable. Fatiguée, en proie à la maladie, aux épreuves, si j’ai réussi à tenir le cap c’est bien parce que Dieu m’accompagne. Non seulement Dieu me permet de me battre, mais il m’inspire aussi la joie, le bonheur et l’espoir. J’imagine que cela est très déstabilisant pour mon mari qui s’efforce, bien malgré lui, de m’atteindre par tous les moyens possibles. Mon attitude positive provoque aussi de l’incompréhension.
C’est tout juste si on ne me colle pas l’étiquette de « masochiste ». Mon entourage s’étonne : « mais comment peux-tu trouver encore de la joie de vivre avec tout ce que tu endures ? » Seules les personnes qui partagent ma foi peuvent me comprendre. Elles savent que c’est Dieu qui apporte toute cette énergie, cette capacité à endurer les pires difficultés. On m’interroge aussi souvent sur la raison pour laquelle je reste avec mon mari. Cette situation génère beaucoup d’incompréhension et je peux aisément le comprendre. Une de mes lectrices, lorsqu’elle a appris que je vivais toujours avec lui, a aussitôt refermé mon livre alors qu’elle en avait lu une grande partie. Par ce geste, voulait-elle sans doute dire : « après tout qu’elle se débrouille, elle n’a que ce qu’elle mérite ? » La tolérance fait partie de ces belles qualités et, dans ce cas, elle m’est précieuse pour saisir que chacun est libre de penser ce qu’il veut. Que mon histoire plaise ou non, ce n’est pas le but recherché. J’ai voulu avant tout faire passer un message d’espoir. Certains l’ont bien compris, d’autres non. Il y a tant de raisons qui rendent difficile la séparation d’un couple et les raisons matérielles ne sont pas les moindres. Ce n’est absolument pas ma recherche. Je préférerais tant que les choses s’arrangent. Comment balayer, oublier trente-huit années de vie commune et faire fi du passé ? L’époque dans laquelle nous vivons favorise le divorce pour diverses raisons, parfois bien futiles. Nous vivons, pour moi, dans un monde de consommation. On prend et l’on jette tout. Les vraies valeurs disparaissent pour laisser la place à une forme de décadence permissive tenant pour bien ce qui est mal et mal pour ce qui est bien. Il faut reconnaître qu’aujourd’hui, si je ne veux pas y laisser ma vie, il faut que les choses avancent. Que mon mari fasse un véritable premier pas. C’est devenu plus qu’urgent. Il n’y a pas d’autre choix, j’aimerais qu’il le comprenne. Cependant, vu mon état de santé qui s’est considérablement aggravé, je suis dans l’obligation de marquer une pause dans mon combat. D’ailleurs, je ne peux pas oublier qu’une grande partie de mes problèmes de santé vient de la violence insidieuse que j’ai subie pendant des années. C’est un fait. Dans les conditions qui sont les miennes aujourd’hui, prendre la décision de divorcer serait une pure folie. De plus, comment détruire ce que Dieu a instauré ? Non ! Je dois me retrouver, me ressourcer, entreprendre le parcours médical qui m’attend le plus calmement possible. Je ne veux pas rajouter du malheur au malheur. Au fil du temps, j’observerai le comportement de mon mari et ne cesserai pas de m’en remettre à Dieu, dans mes prières. J’aime, alors le temps d’un instant, me rappeler ces merveilleuses pensées jadis énoncées sur le VÉRITABLE AMOUR : « L’amour est patient et bon. L’amour n’est pas jaloux, il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil, n’agit pas de façon inconvenante, ne cherche pas ses propres intérêts, ne s’irrite pas. Il ne tient pas compte du mal subi. Il ne se réjouit pas de l’injustice, mais se réjouit avec la vérité. Il supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout. » Ces dernières paroles transmettent de véritables valeurs qui nous enrichissent dans bien des domaines. Tenir et faire face demandent l’oubli de soi et de la modestie. Si nous en avons la volonté, nous pourrons y arriver. Mais faut-il, aussi, le vouloir sincèrement !